
Spera: la nouvelle foire d’Art Urbain qui vous attend à Montrouge
Violaine Pondard • Posté le 10 septembre 2025
Du 2 au 5 octobre, la ville de Montrouge accueillera la 1ère édition de la foire d’Art Urbain et Contemporain: Spera. Une toute nouvelle foire en région parisienne qui se veut différente, à rebours de ce que proposent les autres foires d’Art Urbain, en invitant le visiteur à découvrir une expérience immersive, qui créé du lien entre les galeries, les artistes et les collectionneurs. Cette première édition fait d’ailleurs la part belle au Brésil qui est à l'honneur cette année!
Le calendrier des foires internationales d’Art Urbain à Paris s’étend désormais à l’automne, avec une nouvelle foire qui voit le jour. Après District 13 à l'Hôtel Drouot et Urban Art Fair au Carreau du Temple, Spera posera ses toiles pour sa première édition au Beffroi de Montrouge, du jeudi 2 au dimanche 5 octobre 2025. Si la première journée est réservée à la presse et aux VIP, le vendredi matin sera dédié aux écoles et aux associations œuvrant pour les personnes en situation de handicap ou les personnes âgées. L’ouverture au public, se tiendra du vendredi après-midi au dimanche soir. Entretien avec Gary Laporte, l’un des créateurs de ce nouveau rdv ambitieux.
Pourquoi une nouvelle foire d’Art Urbain et contemporain en région parisienne?
Après avoir arpenté les foires avec mon agence, j’avais l’impression d’être enfermé. Les stands devenaient des boîtes, les échanges se réduisaient à des transactions, et la magie de l’art se perdait derrière les chiffres. Je rêvais d’un lieu où l’expérience dépasse la simple vente, où l’on respire, où l’on dialogue. Parce que mon lien profond avec l’Amérique Latine m’appelle à ouvrir des fenêtres. Je voulais offrir un espace aux artistes de ce continent vibrant, trop peu visibles ici. Mais aussi élargir le regard: donner plus de voix à la scène française et mettre en lumière des talents internationaux injustement laissés dans l’ombre. Et surtout, parce que je crois au dialogue. Celui entre l’Art Urbain et l’art contemporain, qu’on oppose trop souvent comme s’ils parlaient deux langues différentes, alors qu’ils partagent le même souffle, celui d’être connecté à leur époque. Le dialogue entre les artistes reconnus et ceux qui émergent, entre les galeries et le public. Un dialogue qui ne se joue pas seulement sur les cimaises, mais dans les regards, les mots échangés, les rencontres imprévues. Cette foire, je la voulais vivante, ouverte, traversée de voix et d’énergies. Non pas une boîte fermée, mais un espace en mouvement. L’ADN de Spera repose sur la notion de rencontre. Rencontre entre les arts urbains, les galeries, les artistes du monde entier, la ville et le public. Tout cela autour d’un même événement qui se veut fédérateur.

La foire se tiendra au Beffroi de Montrouge, pourquoi avoir choisi ce lieu?
Je suis originaire de Montrouge, et un jour, après une opération sous anesthésie générale, je suis rentré en taxi sans être capable d’indiquer mon adresse. On m’a déposé devant le Beffroi, j’ai su que c’était là qu’il fallait que j’organise Spera. Ce grand bâtiment art déco est un centre culturel d’environ 3000 m2 qui accueille le salon contemporain de Montrouge, internationalement reconnu. Le lieu idéal pour un tel événement. J’ai donc rapidement appelé Nizia et Agathae Montecinos de Terrart et Pixo Asso pour collaborer et faire murir ensemble ce projet. Par ailleurs, Montrouge est une ville qui respire l’art, des personnalités telles que Fernand Léger, Coluche, Pablo Picasso ou encore Robert Doisneau y ont vécu. Mais également le dessinateur Moebius dont la dernière œuvre est d’ailleurs présente dans la salle qui porte son nom au Beffroi et qui deviendra un bar ouvert à tous.

Quel est votre parcours avant de créer ce tout nouvel événement?
L’art berce ma vie depuis toujours. J’ai grandi dans le milieu du cinéma. Mon Parrain était le fils de Jacques Tati. J’ai passé mon enfance dans des cinémas, des théâtres, engagé aussi dans des causes humanitaires et sociales. Grâce à ma mère, je me suis beaucoup intéressé aux arts visuels. Puis j’ai eu une révélation en 2015 lorsque je suis parti vivre au Brésil. J’y ai découvert une peinture à très grande échelle. J’y ai créé le projet NAGA, dont l’objectif était de proposer éducation et culture aux enfants défavorisés du Brésil. Mais je manquais de connaissance. Alors, de retour à Paris, je me suis inscrit aux cours du soir de l’école du Louvre pour apprendre l’histoire de l’art. J’ai créé une page Instagram, Nagaculture, avec laquelle je recherche et partage l’histoire artistique et culturelle de chaque pays, un moyen de m’éduquer en éduquant aussi les autres. Grâce à ce projet, j’ai rencontré des artistes brésiliens avec qui j’ai créé des amitiés. J’ai alors développé une agence à but non lucratif, NAGA Creativo, pour les représenter. Les bénéfices étant entièrement reversés à des projets sociaux et artistiques. En parallèle, j’ai exercé pendant plus de 10 ans comme Directeur Financier (Pernod Ricard, Ubisoft), avant de me lancer à 100 % dans l’organisation de Spera en février dernier et de me dédier intégralement à ce que j’aime.

Qu’est-ce qui distingue la foire Spera?
Sur trois niveaux se déroulera le fil rouge de l’événement pour découvrir, interagir, comprendre et explorer. Avec en premier lieu l’espace de la foire au rez-de-chaussée qui permet la découverte. Il regroupera près de 40 galeries qui exposeront au total plus de 170 artistes. La demande envers les exposants est claire: ne pas montrer ce qui est déjà présent partout et offrir davantage de place aux artistes émergents, afin de présenter la profondeur du mouvement. Ainsi, seront représentés des artistes des quatre coins du monde, avec une diversité de formes, styles et palettes visant à démontrer la richesse de l’Art Urbain & Contemporain que nous aimons tant.
Quelle place particulière est donnée aux artistes d’Amérique Latine?
Parmi les galeries, quatre sont brésiliennes dont la Galerie A7MA et Alma da Rua, toutes deux très respectées à travers le continent. Environ 25% des artistes exposés seront Brésiliens et nous serons honorés de la présence de 12 artistes qui feront spécialement le déplacement depuis São Paulo, parmi lesquels, Enivo, pionnier du graffiti au Brésil qui a déjà exposé au Petit Palais et au sein de la Galerie Itinerrance. véritable figure majeure de la scène locale très établi au Brésil et aux Etats-Unis, ainsi que André Mogle, Fefe Talavera, Mari Pavanelli, Tche Ruggi et Lobot. Mais si nous souhaitions mettre en avant le Brésil en raison de "l’Année du Brésil" en France, d’autres pays d’Amérique Latine seront aussi représentés, avec notamment Vic Oh et Ruben Carrasco (Mexique), Cristian Laime (Bolivie), Fio Silva, Lucas Ninin (Argentine) et ZelvaUno (Perou).

Comment se concrétisent les interactions?
Au premier étage, la thématique s’incarne dans un mot: le dialogue. Un dialogue symbolique d’abord, porté par la majestueuse Salle Art Déco. Elle accueillera une installation inédite entre Seth et Tinho, deux figures majeures du mouvement urbain, l’un venu de France, l’autre du Brésil. Deux trajectoires, deux univers plastiques qui se rencontrent et s’entrelacent, comme une conversation à ciel ouvert entre continents. Mais le dialogue prend aussi une dimension profondément humaine. Dans le Bar Moebius, l’artiste Appie réinvente l’espace: ici, le public ne se contente pas de regarder, il participe. Les visiteurs sont invités à colorier du mobilier préparé par les artistes, à s’asseoir, à échanger un verre à la main, à croiser les mots des galeristes, les histoires des créateurs. C’est un lieu de respiration, de convivialité, où l’art descend de son piédestal pour redevenir ce qu’il est avant tout: un lien entre les êtres. Ainsi, ce premier étage devient un carrefour. Un lieu où les œuvres dialoguent entre elles, mais aussi avec ceux qui les regardent, les touchent, les vivent. Un espace de résonance où l’art urbain et contemporain cesse d’être une frontière, pour devenir une invitation à la rencontre. D’ailleurs, nous y proposerons deux moments festifs, le vendredi soir, un concert de DJ Dee Nasty célébrera le Hip-Hop, tandis que le samedi soir sera consacré au rockabilly, dont on oublie souvent le lien avec le Graffiti, que l’auteur de BD Margerin dépeint pourtant si bien!

Reste encore à explorer pour comprendre…
En effet, le second étage est consacré à la compréhension, avec des salles dédiées aux enfants, animées par Posca, pour découvrir le Graffiti et le dessin. LAB Galerie invitera les familles à s’initier aux techniques de la peinture. Une salle sera dédiée à SPParis, marque brésilienne qui met à l’honneur le pixação. Cette pratique née à Sao Paulo et Rio de Janeiro qui consiste à marquer les immeubles dans des styles cryptiques, ces graffitis sauvages et engagés qui représentent le cri des habitants des favelas, une manière pour eux de dire “Regardez-nous! Nous sommes vivants!”. SPParis fera dialoguer le pixação avec la haute couture et se positionnera comme le trouble-fête de l’événement avec des happenings tout au long de la foire pour surprendre. Enfin une dernière salle de 110 m2, Off Spera, proposera un lieu de visibilité et d’expression aux artistes émergents en quête de visibilité, notamment auprès des galeries. À l’extérieur, l’exploration se poursuivra avec la visite de l’atelier de La Cale, mais également des animations sur la place du Beffroi de Montrouge avec un coloriage en live d’Enivo, qui invitera à peindre avec lui, ainsi que du live painting animé par l’Asso Art’Murs et de l’Urban Frisbee.

Pour finir, comment s’est noué le partenariat avec Urbaneez?
J’ai rencontré Greg au fil des foires à Paris ces dernières années et comme lui, je partage les mêmes valeurs: faire vivre l’art urbain et découvrir de nouveaux talents. J’aime beaucoup ses curations et sa manière de se renouveler sans cesse. Urbaneez est pour moi l'un des acteurs les plus dynamiques du monde de l’Art Urbain aujourd'hui. Pour l’occasion, la galerie présentera d'ailleurs un duo show impactant au travers du travail de Joachim Romain, artiste incontournable de la scène parisienne, et Valé, artiste Français installé au Mexique depuis plus de 10 ans. Tous les deux s’intègrent parfaitement avec le thème de la foire qui se veut proposer un véritable pont entre l’Europe et l’Amérique Latine.

Découvrez le programme complet sur le site la foire Spera