Art Urbain et ventes aux enchères, un mariage gagnant
Daniel Marciaro • Posté le 10 février 2022
21,8 millions d'euros. C'est la somme d'adjudication atteinte pour l'oeuvre de Banksy “Love Is In The Bin” lors de la vente du 14 octobre 2021, œuvre qui avait d’ailleurs déjà créé la sensation en 2018 en s'autodétruisant chez Sotheby's. Mais loin de porter atteinte à sa valeur, cette vente confirme l'augmentation exponentielle de la cote de cette œuvre, adjugée pour 1,2 millions d’euros il y a seulement 3 ans et qui a donc depuis multiplié sa cote par 18. Si la maîtrise de la communication de Banksy est unique et sa cote sans équivalence, ces chiffres constituent un nouvel exemple éclatant de l'essor de l'Art Urbain dans le cadre des ventes aux enchères depuis le milieu des années 2000.
Une tendance portée par les maisons de ventes aux enchères françaises
Les maisons de ventes aux enchères se sont très tôt emparées du phénomène urbain, saisissant rapidement le potentiel du mouvement. En France, des maisons telles que Tajan, Leclere ou Digard se sont ainsi largement ouvertes à ce courant, multipliant les ventes spécialisées depuis 2006. Mais la figure de proue de ce phénomène reste incontestablement Artcurial, véritable mastodonte qui propose depuis plus de 15 ans des ventes annuelles spécialisées qui rassemblent les plus grands noms de la scène urbaine contemporaine. Des ventes importantes se sont ainsi réalisées sur le sol français, en témoignent par exemple les 985’000 euros atteints par la sculpture “Final Days” de Kaws en 2019, les 492’600 euros atteints en 2020 par le “Rubik Space” de 2005 d'Invader, ou encore les 617’500 euros atteints en 2018 par l’œuvre de Banksy “Kill Mom?” qui avait été créée en 2003.
Une percée dynamisée par les artistes historiques, Banksy et Basquiat
Si l'ensemble des pièces proposées pour des artistes, tant émergents que confirmés, varie de manière générale entre 5’000 et 50’000 euros avec une progression des prix constante depuis près de 15 ans, les leaders du mouvement ainsi que les grandes figures historiques que sont Futura 2000 ou Dondi White dépassent allègrement depuis la barre des 100'000 euros d'adjudication lors de chaque vente. À l'international, les figures tutélaires affiliées au mouvement sont largement appréciées et directement intégrées aux ventes d'art contemporain. C'est ainsi le cas de Jean-Michel Basquiat qui multiple les ventes se chiffrant en millions lors des ventes de Sotheby's et Christie's. Ses œuvres évoluent ainsi de manière régulière aux alentours des 50 millions de dollars à chaque vente majeure organisée par les deux firmes depuis près de 10 ans, jusqu'à l'apogée atteinte en 2017 à New-York chez Sotheby's avec 110,5 millions de dollars pour l’œuvre “Untitled” qui datait de 1982. Loin devant l’œuvre “Love Is In The Bin” de Banksy qui a pourtant atteint 21,8 millions d’euros quelques années plus tard.
Depuis son arrivée sur le marché, l'Art Urbain n’a cessé de croître, tant au niveau de l'offre que de la demande. De nouvelles places telles qu’Hong-Kong s’immisce peu à peu au milieu des places historiquement fortes européennes et américaines, ce qui intensifie ce développement. La progression des chiffres y est également constante. Si Banksy constitue aujourd'hui la seule personnalité urbaine vivante cumulant des ventes au-dessus du million, il ne serait pas étonnant de le voir rejoint par des artistes tels que Kaws, Invader ou Barry Mcgee dans ce club fermé des artistes millionnaires.
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