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Le formidable développement de l'Art Urbain en Europe (2/2)

Le formidable développement de l'Art Urbain en Europe (2/2)

Sarah GuilbaudPosté le 31 mars 2022

Les Pays-Bas et l'Angleterre sont rapidement touchés par la vague graffiti qui déferle sur toute l'Europe après les États-Unis. Mais la France, l'Allemagne et l'Espagne ne sont pas en reste également.

 

Les prémices du Graffiti en France

À Paris, le Graffiti fait ses débuts rapidement: dès 1952, Guy Debord (théoricien du mouvement situationniste) écrit à la craie sur un mur une formule empruntée à Rimbaud:  “Ne travaillez jamais.” En 1960, le photographe Brassaï publie “Graffiti”, fruit de trente ans de recherche. Il voit dans le Graffiti une forme d’art brut, primitif, éphémère, l’évoque comme un art. En 1966, c’est Ernest Pignon-Ernest qui ouvre la voie et fait des pochoirs dans le Vaucluse. Dans les années 1970, il produit des affiches sérigraphiées. Son célèbre “Rimbaud” est aujourd’hui encore une référence. Puis vient mai 1968: les messages politiques, poétiques et graphiques, viennent d'étudiants qui écrivent ces slogans au pinceau, au rouleau, à la bombe ou sur des affiches sérigraphiées. C'est de cet affichage illégal et militant que naît une tradition parisienne du Graffiti à vocation esthétique. Les groupes de musique punk parisiens ne sont pas en reste, ils utilisent des affiches faites à la main et des pochoirs. À cette époque, de nombreux artistes s'intéressent aussi au phénomène: Gérard Zlotykamien (qui peint à la bombe dès 1963), Epsylon Point, Blek le Rat, Jef Aérosol, Jérôme Mesnager, VLP, Nemo, Combas, Speedy Graphito, les Frères Ripoulin, Miss.Tic, Mosko & Associés…

Réalisé à la fin des années 80 par Bando et Doc, "Criminal Art" est probablement la fresque murale la plus représentative de l'époque du terrain vague de Stalingrad-La Chapelle à Paris (©Claude Abron).
Réalisé à la fin des années 80 par Bando et Doc, "Criminal Art" est probablement la fresque murale la plus représentative de l'époque du terrain vague de Stalingrad-La Chapelle à Paris (©Claude Abron).

Outre la rue, les catacombes de Paris (si chères à Psychose) sont dès le départ un lieu important du Graffiti, qui apparait en France dès 1979, avec notamment Spirit, Blitz et Asphalt qui fondent le premier crew: les “Paris City Painters”. En 1982, Bando, franco-américain, importe cet art des États-Unis et invite les artistes américains à Paris. Avec Ash, il créé le “Bomb Squad 2”. Dans la foulée, se forme le crew “Bad Boy Crew”, l’un des plus grands groupes de graffeurs en Europe. Le terrain vague de Stalingrad / La Chapelle devient vite un lieu prisé où se retrouvent aussi Lokiss, Scipion, Skki, Saho, Shuck2... À l’époque, Paris attire de nombreux graffeurs européens et américains. Le Graffiti new-yorkais se retrouve sur les quais de la Seine, les palissades du Louvre, le Centre Pompidou, puis il s'étend peu à peu à toutes les banlieues. En 1985, Mode2 forme avec Bando et Shoe, “Crime Time Kings”, le premier crew européen.

 

En Allemagne, de Munich à Berlin

Bando a alors un rôle majeur: il influence toute la scène graffiti européenne qui émerge. C’est le cas notamment en Allemagne. Entre 1983 et 1986, à Munich et Hambourg, les trains et métros new-yorkais n’ont plus de secret pour Loomit, Stone et Neon. “Wild Style” et “Subway Art” sont aussi passés par là. Dès le milieu des années 80, ils se font connaître, en ornant des wagons de la Deutsche Bahn. À Hambourg, en 1983-1984, la scène est déjà dynamique avec Hesh, Daim et JBK. Elle décolle en 1986, année où Loomit, Blash et Rosco se rendent à Berlin: Poet, Phos4, Amok, Shek, Odem... y sont très actifs. De 1989 à 1996, la gare de Berlin Friedrichstrasse (et son dépôt de train à la frontière entre l’Ouest et l’Est de la ville) devient alors un point de rencontre important entre writers.

Retour en 1985 avec cette photo historique de Blash (à gauche) et Loomit en train de graffer un train au dépôt de Geltendorf durant l’âge d’or du graffiti illégal allemand (©Cheech).
Retour en 1985 avec cette photo historique de Blash (à gauche) et Loomit en train de graffer un train au dépôt de Geltendorf durant l’âge d’or du graffiti illégal allemand (©Cheech).

Dans cette ville, l’histoire du Graffiti est aussi intimement liée à son mur: construit en 1961, il accueille slogans et messages de la part des Allemands de l’Ouest. Haut lieu du punk, du rock et des autres mouvements alternatifs, Berlin représente alors le summum de l'art et de la contre-culture, avec des graffitis de plus en plus visibles sur les murs. En 1984, Thierry Noir, français originaire de Lyon, est le premier artiste à peindre le mur sur toute sa hauteur. En 1986, Keith Haring y dépose une fresque de 100 m de long! Aujourd’hui, il reste un mur de 1,3 km de long à la Eastside Gallery, devenu un “Hall of Fame” pour les graffeurs du monde entier, avec des œuvres emblématiques. Plus récemment, depuis 2003, c’est le crew de vandale 1UP (“1 United Power”) qui fait parler de lui: trains, stations de métro, rue, toits..., tout y passe! La capitale allemande en est aujourd’hui encore marquée. Au détour d’une rue, il est également fréquent de découvrir un portrait signé Eduardo Kobra, des pièces de MTO, Xoooox, El Bocho ou Alias.

 

L'essor de la scène barcelonaise

Plus tard, c’est en Espagne que le Graffiti et le Street Art arrivent. La culture hip-hop y perce plus tardivement que dans le reste de l’Europe et le graffiti s’invite avec. Ville de passage, Barcelone attire de nombreux artistes et s’impose comme une place de choix, et de nombreux artistes locaux tels que Fasim, Moockie ou encore El Xupet Negre se mettent à l’œuvre. En 1989, Keith Haring y peint notamment une fresque pour dénoncer les ravages du sida et qui aura une résonance incroyable auprès des communautés artistiques.

Les kids de Barcelone dans les années 80, dont Fase devenu Fasim, s'inspirent à l'époque de “Wild Style” et “Subway Art” pour créer leurs premier lettrages (©Barcelona Showdown).
Les kids de Barcelone dans les années 80, dont Fase devenu Fasim, s'inspirent à l'époque de “Wild Style” et “Subway Art” pour créer leurs premier lettrages (©Barcelona Showdown).

Mais ce n’est cependant qu’en 2000 que le Street Art barcelonais connaît son apogée. À l'époque, il est alors facile pour les artistes de s'exprimer: ils ne risquent aucune poursuite et peuvent peindre en toute tranquillité. Ainsi, la ville devient un espace de création à ciel ouvert. Jusqu’en 2006: cette “capitale mondiale du Street Art” interdit l’Art Urbain. Pour autant, la ville accueille quantité de graffitis atypiques et créatifs. Pez fait partie des grands noms de la scène barcelonaise. Il pose sa signature en 1999, signature qui évolue en un poisson au large sourire. Originaire de Toulouse, c’est aussi à Barcelone que Miss Van évolue. Elle commence à peindre à l’âge de 20 ans, en 1993, ce qui fait d’elle une des premières street artistes féminines. On y retrouve aussi Art Is Trash, El Xupet Negre, Kram… C’est également à Barcelone que Montana Colors, la plus grande usine de matériel pour graffiti, est créée. La boucle est bouclée!

 

Découvrir la partie 1 sur 2

 

Art Urbain Europe
Graffiti Europe
Street Art Europe
Graffiti Art
Street Art
Graffiti Paris
Street Art Paris
Graffiti Barcelone
Graffiti Berlin
Graffiti Munich
Paris City Painters
Crime Time Kings
Terrain vague de Stalingrad
Berlin Friedrichstrasse
Eastside Gallery
Wild Style
Subway Art
Guy Debord
Jef Aérosol
Ash
Mode2
Bando
Loomit
Blash
Thierry Noir
Keith Haring
1up
Fasim
El Xupet Negre

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