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Oré: "J’aime m’approprier la rue et en faire mon atelier"

Oré: "J’aime m’approprier la rue et en faire mon atelier"

Violaine PondardPosté le 27 septembre 2022

Artiste urbain résolument ancré dans la pluralité et la diversité de la scène internationale, Oré joue avec les mediums et l’espace public. Plasticien attaché à sa Normandie natale, il a fait de ses voyages la ligne directrice de son parcours artistique. Ses plaques de contreplaqué ornées du Quetzalcóatl, serpent à plumes issu d’une divinité précolombienne, posées dans les centres villes des plus grandes métropoles du monde sont devenues sa signature urbaine. Pour autant, la carrière de l’artiste et son expression artistique ne se résume pas à ces installations. La peinture et l’occupation de la rue restent ses principaux leitmotivs.

 

Quelle a été ta première rencontre avec le Graffiti?

Je suis né à Évreux en 1975. J’ai vécu au Havre et j’ai finalement atterri à Caen qui est depuis devenu mon camp de base. Ma première rencontre avec le Graffiti a eu lieu en 1989 lorsque j’étais adolescent. J’ai eu la chance de voir la culture hip-hop se déployer en France, Évreux étant suffisamment proche de Paris pour voir la déferlante arriver dans les cités: Rap, Breakdance, Graffiti... Cette culture, qui a ses propres codes et dont les adultes sont exclus, m’a tout de suite interpellé et j’ai très vite développé un attrait pour cet esprit de liberté, ce mouvement qui invite à écrire sur les murs, à envahir les villes. Au marqueur ou à la bombe, j’ai alors commencé à répéter mon blaze et Oré s’est rapidement imposé. Mais à cette époque, je ne sais absolument pas que cette passion pourrait devenir mon métier.

De par son passé dans le Graffiti et plus largement les cultures urbaines, l’artiste Oré a gardé l’esprit de la rue et la pratique de la bombe aérosol, le marqueur et le pochoir, ses outils de prédilection.
De par son passé dans le Graffiti et plus largement les cultures urbaines, l’artiste Oré a gardé l’esprit de la rue et la pratique de la bombe aérosol, le marqueur et le pochoir, ses outils de prédilection.

 

Quel a été le déclic qui a inscrit les arts urbains au centre de ta vie artistique?

J’ai tout appris tout seul. Le Graffiti m’a amené vers la création picturale. Au début, j’avais pourtant une vision assez radicale de l’argent associé au Graffiti et je ne souhaitais pas en faire un métier. J’ai donc poursuivi des études universitaires en histoire et géographie, motivé par mon envie de voyages et de découverte de nouvelles cultures. Cela a rapidement créé une interaction entre mes voyages et mes travaux de peinture. Et c’est lors de mon premier voyage au Mexique en 1998 que j’ai découvert dans la culture précolombienne l’image du Quetzalcóatl, l’iconique serpent à plumes. Je l’ai peint au Havre dès mon retour. Une petite graine a été semé en moi à cette époque, et elle a fleuri en 2004 après un autre séjour d’un an au Mexique. Je n’avais pas réussi le concours d’enseignant, j’étais devenu papa, je me questionnais beaucoup au sujet de mon rapport avec le Graffiti. Je voyais arriver une masse de graffeurs et j’avais peur de me perdre. Je voulais me différencier. Cette époque coïncide aussi avec les campagnes de nettoyage des grandes villes de France. Tu taguais le vendredi soir, le lundi matin tout était effacé… Alors j’ai voulu rester présent dans les centres-villes, j’ai cherché à développer une nouvelle forme esthétique, à faire évoluer ma technique. Et c’est à ce moment que je me suis dit que je pouvais peut-être vivre de mon art.

Inspiré par son premier voyage au Mexique, Oré a choisi l’iconique image du Quetzalcóatl de la culture précolombienne qu’il a réinterprété pour accompagner son blaze initial de graffeur.
Inspiré par son premier voyage au Mexique, Oré a choisi l’iconique image du Quetzalcóatl de la culture précolombienne qu’il a réinterprété pour accompagner son blaze initial de graffeur.

 

Comment le Quetzalcóatl est-il devenu ta signature?

Je me suis inspiré du maître en la matière: Invader. Grâce à lui, la France est devenue une très bonne école du collage. J’ai commencé à travailler sur des images en série, des petits formats que je disposais en hauteur dans les rues, dans les interstices de la ville, là où tout le monde ne regarde pas et où je peux échapper au nettoyage. Je découpais du contreplaqué nautique, que je peignais avant de poser une couche de vernis. Ce matériau possède une bonne résistance dans le temps. J’ai alors fait quelques tests à Caen en 2005 puis j’ai posé une première série d’une quinzaine de pièces à Marseille en 2006. J’ai donc petit à petit quitté la pratique du Graffiti pour celle du Street Art, avec ses pochoirs et ses collages. Le Quetzalcóatl a pris la place des lettrages et j’ai commencé à disposer mon emblème au lieu de signer avec mon nom. Et c’est à partir de 2007, que j’ai commencé à coller sur Paris puis dans les grandes villes de France, d’Europe et du monde. Aujourd’hui, et même si je n’ai jamais vraiment tenu les comptes, je pense qu’il y a au moins 2’000 Quetzalcóatl répandus dans le monde entier.

Préparés en amont dans son atelier de Caen, les Quetzalcóatl d’Oré sont fabriqués de manière artisanale avec du bois découpé puis ils sont peints et vernis avant d’être collés dans les villes.
Préparés en amont dans son atelier de Caen, les Quetzalcóatl d’Oré sont fabriqués de manière artisanale avec du bois découpé puis ils sont peints et vernis avant d’être collés dans les villes.

 

T’identifier à tes collages reste toutefois assez réducteur. Peux-tu nous expliquer tes autres pratiques artistiques?

Pour reprendre une citation de Paul Gauguin que j’ai lu dans Paris Tonkar, le livre de référence sur le graffiti français écrit par Tarek en 1991: “Le métier vient tout seul, malgré soi, avec l'exercice, et d'autant plus facilement lorsqu'on pense à autre chose que le métier”. J’ai en effet exercé mon œil avant tout et à force de pratique est venue la maîtrise du rapport avec l’espace, du grand format. Et même si je n’ai pas fait les Beaux-Arts, je reste curieux, passionné par l’histoire, la littérature, l’archéologie, le cinéma dans lesquels je puise mon inspiration. Mes phases esthétiques se suivent: les poissons géants, les calaveras mexicaines, la peinture pariétale... Je reste un amoureux du mur, quel qu’il soit, et le lieu détermine toujours ce que je vais faire dessus. Ce que j’aime le plus, c’est m’approprier la ville et faire de l’espace urbain mon atelier. Je fais partie de ceux pour qui la présence dans la rue est fondamentale. Je peux passer jusqu’à deux mois sans mettre les pieds dans mon atelier, mais rarement plus d’une semaine sans peindre ou coller dans la rue. J’aime que l’impact soit fort avec des formats réalisés de manière artisanale. Le travail manuel est mon moteur et faire partie de l’espace urbain contribue à mon bien-être.

L’univers d’Oré ne se limite pas au serpent à plumes, ce dernier n’hésites jamais à sortir de ses habitudes avec par exemple un mur de 60 images réalisé pour les 60 ans du Cinéma Lux de Caen.
L’univers d’Oré ne se limite pas au serpent à plumes, ce dernier n’hésites jamais à sortir de ses habitudes avec par exemple un mur de 60 images réalisé pour les 60 ans du Cinéma Lux de Caen.

 

Tu étais aux États-Unis en début d’année, quels étaient tes projets là-bas?

Invité par Artiste Ouvrier, un artiste normand qui vit aujourd’hui à Los Angeles, je suis venu peindre une fresque avec lui. J’en ai profité pour coller deux ou trois Quetz à côté de sa galerie mais également à downtown Los Angeles. Ensuite, je suis allé à Phoenix, où je me rends plusieurs fois par an. J’ai d’ailleurs peint lors d’un événement et j’ai travaillé sur un collage d’affiche en hommage à une basketteuse professionnelle de l’équipe de Phoenix Mercury: Brittney Griner. C’est une des plus grandes joueuses américaine de basket et qui est notamment considérée par certains comme la meilleure joueuse au monde. Elle jouait dans une équipe en Russie durant l’intersaison américaine, car elle y percevait un salaire environ cinq fois plus élevé qu’aux États-Unis. Mais quelques jours avant le début de la guerre en Ukraine, elle s’est fait arrêter à Moscou par les autorités russes à l’aéroport car elle aurait eu des cartouches de vape contenant de l'huile de haschich… Depuis, les Russes se servent d’elle comme otage diplomatique alors j’ai voulu dénoncer cette situation. Sinon depuis mon retour en France, j’ai eu d’autres projets en Normandie, avec notamment une fresque immense sur le toit d’un institut thermal à Bagnoles de l’Orne où j’ai peint un Quetzalcóatl de 500 m2 qui se déploie au-dessus d’un fond en estampes japonaises. La Ville m’a également commandé une série de Quetzalcóatl pour un parcours officiel dans le cœur de ville que je vous invite à découvrir!

En 2022, l’artiste Oré a réalisé une fresque monumentale de plus de 500m2 sur le toit des thermes de Bagnoles de l’Orne, un immense Quetzalcóatl sur un fond d’estampes japonaises.
En 2022, l’artiste Oré a réalisé une fresque monumentale de plus de 500m2 sur le toit des thermes de Bagnoles de l’Orne, un immense Quetzalcóatl sur un fond d’estampes japonaises.

 

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