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Charles Foussard: "Cette esthétique s’est imposée à moi"

Charles Foussard: "Cette esthétique s’est imposée à moi"

Violaine PondardPosté le 1 octobre 2021

Artiste prolifique de la scène bordelaise, Charles Foussard encadre ses peintures Pop surréalistes sous les arcs et les baies en pierres de taille de la capitale de la Nouvelle Aquitaine. Posées sur les parpaings ou les panneaux de bois, ses œuvres sont de véritables toiles de maîtres inspirées des peintres anciens et du mouvement californien Lowbrow. Amateur de grands formats et de friches urbaines, il s’empare aussi des blockhaus de la côte Atlantique pour leur redonner vie à travers l’art. En atelier, il transpose cette énergie pour développer son écriture et travailler sur toile des compositions riches de détails mixant le réel et l’irréel. Entretien.

 

Quand as-tu commencé à peindre dans la rue et quelle a été ta première motivation?

Je suis né à Bordeaux mais j’ai passé mon adolescence à La Réunion où j’ai commencé à peindre dans la rue, inspiré par les images de graffiti que je trouvais dans les magazines spécialisés de l’époque. Que ce soit du tag, du flop, je pouvais composer en totale liberté. À La Réunion, je me suis aussi passionné pour les sports de glisse et je me suis vite rendu compte que le surf répond lui aussi à des codes à l’instar du graffiti. Il s’agit d’une culture qui se vit en immersion, avec une hiérarchie à respecter. De retour à Bordeaux, j’allais surfer au Cap Ferret et j’ai découvert ces blockhaus habillés par les générations de graffeurs précédentes. J’ai simplement voulu faire comme eux.

Les dizaines de blockhaus présents au Cap Ferret sont devenus un véritable terrain de jeu pour l’artiste qui s’adonne à diverses expérimentations pour le plus grand plaisir des locaux.
Les dizaines de blockhaus présents au Cap Ferret sont devenus un véritable terrain de jeu pour l’artiste qui s’adonne à diverses expérimentations pour le plus grand plaisir des locaux.

 

Comment choisis-tu ton support?

Après beaucoup de peintures sur les terrains, j’évolue dans le centre-ville de Bordeaux depuis peu. Je repère mes murs à l’avance, en sillonnant les rues à vélo. Je suis très attentif à l’espace public avant d’intervenir. Quand je choisis un mur, je le prends en photo depuis un point de vue qui me permet de déterminer le rendu et les perspectives de ma prochaine création. Pour peindre sur un blockhaus de la côte landaise ou du Cap Ferret, je calcule les horaires de marées. J’ai acquis de véritables compétences météo! Je veux être sûr de voir une vague se casser contre le mur, de capter le reflet de l’œuvre sur l’eau. Quand on peint en extérieur, c’est totalement éphémère et ce qui reste aujourd’hui, ce sont les photos.

Aperçu d’une des dernières fresques murales réalisée par Charles Foussard sur une devanture de magasin dans les rues de Bordeaux. Rue du palais Gallien (photo de Stéphane ©Graf'In'Gironde).
Aperçu d’une des dernières fresques murales réalisée par Charles Foussard sur une devanture de magasin dans les rues de Bordeaux. Rue du palais Gallien (photo de Stéphane ©Graf'In'Gironde).

 

Aujourd’hui, ton travail s’équilibre entre la rue et l’atelier. Comment vis-tu cet aller-retour permanent entre les deux?

Je peins tout le temps. Que ce soit sur une toile ou sur un mur. Mon rythme c’est de peindre en ville deux fois par semaine, mais parfois c’est cinq fois dans la semaine. Et plus j’en fais, plus je peux me permettre d’improviser. Les idées viennent les unes après les autres, prenant appui sur un catalogue d’imageries mentales. L’œuvre se construit ainsi, au fil du mur. La bombe permet d’aller très vite, c’est un medium instantané. Le résultat est immédiat, il y a quelque chose de l’ordre de l’évidence. A contrario, le travail en atelier est totalement complémentaire. Il requiert davantage de temps et d’immersion. Ce n’est pas la même énergie que pour un mur pour lequel la gestuelle est plus lâchée. Passer au petit format et à l’acrylique a été compliqué au départ. La toile représente un travail beaucoup plus personnel, où j’attache de l’importance aux détails.

L’artiste à l’œuvre réalisant son interprétation d’une nature morte à la bombe aérosol dans les rues de Bordeaux, une véritable explosion de couleurs avec une touche d'humour.
L’artiste à l’œuvre réalisant son interprétation d’une nature morte à la bombe aérosol dans les rues de Bordeaux, une véritable explosion de couleurs avec une touche d'humour.

 

Ton style emprunte ses codes au Pop surréalisme. Qu’est-ce qui nourrit ta démarche?

Dalì a été mon premier choc esthétique, lorsque je suis allé à Figueras avec mes parents à 11 ans. J’ai été touché par la finesse de ses traits et le décalage avec la réalité. Cette manière de traiter l’étrange avec une technique léchée. Je n’aime pas trop les étiquettes mais je sais que ma pratique me fait rentrer dans le mouvement post-graffiti. Mon style, lui, s’inspire du Pop surréalisme, une esthétique qui s’est littéralement imposée à moi lorsque je l’ai découverte dans les magazines et les livres Juxtapoz, ou encore les expos Hey! Je m’identifie à ce mouvement car il me permet d’être toujours à la frontière entre le réel et l’irréel. Je revisite les classiques de la peinture, y pose de nouvelles références culturelles qui se rapportent à une époque, proposant au spectateur un instant de contemplation. Mon objectif reste de développer mon écriture, d’aller plus loin. Aussi bien dans l’abstrait que dans le figuratif. Aujourd’hui, les arts urbains ont explosé, il y a une vraie diversité d’artistes parmi lesquels il faut réussir à faire sa place.

 

Découvrez le profil de Charles Foussard et ses oeuvres disponibles.

 

Interview
Portrait d'Artiste
Charles Foussard
Street Artiste Bordeaux
Lowbrow
Pop Surréalisme
Graffiti Blockhaus
Juxtapoz
Street Art Bordeaux
Graffiti La Réunion

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